
En 2023, 43 % des membres de la génération Z déclarent mettre de l’argent de côté chaque mois, contre 38 % pour les millennials. Pourtant, seuls 27 % d’entre eux possèdent une épargne de précaution suffisante pour couvrir trois mois de dépenses, selon une enquête menée par OpinionWay.
La multiplication des petits boulots numériques et des side hustles rebat les cartes des stratégies d’accumulation. Les repères traditionnels en matière d’épargne et d’investissement s’effacent au profit de pratiques fragmentées, souvent dictées par l’instabilité économique et la recherche d’indépendance financière.
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Plan de l'article
Génération Z et argent : une relation en pleine mutation
Née entre 1997 et 2012, la génération Z bouleverse les schémas classiques du rapport à l’argent en France et dans toute l’Europe. Dans les grandes villes comme Paris ou Genève, c’est le smartphone qui règne en maître sur les finances personnelles, dictant de nouveaux comportements. L’argent occupe toujours une place centrale dans la vie des Français, mais pour les plus jeunes, il rime d’abord avec réalisation professionnelle et liberté de mouvement, qu’il s’agisse de loisirs ou de voyages.
Un chiffre retient l’attention : 71 % des membres de la génération Z associent la richesse à l’absence de préoccupation financière. Cette perception subjective entre en rupture avec la logique patrimoniale des baby-boomers, qui restent attachés à l’idée d’additionner les zéros sur leur compte. Aujourd’hui, la notion de richesse s’éloigne de la possession pour privilégier l’expérience, le choix et la qualité de vie.
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Impossible d’ignorer le poids des réseaux sociaux et du smartphone dans cette transformation. L’étude OpinionWay met en lumière un malaise diffus : la pression de l’image, la comparaison constante et l’explosion des standards de réussite génèrent une anxiété palpable chez les jeunes. Pourtant, sur un point, la lucidité traverse les générations : 66 % des 18-25 ans estiment que l’argent ne garantit pas le bonheur, tandis que 68 % des baby-boomers défendent l’idée opposée.
Voici quelques chiffres révélateurs des tensions et aspirations de la jeunesse française :
- 58 % des Français préfèrent préserver leurs valeurs et leur équilibre plutôt que de tout sacrifier pour la richesse.
- 67 % redoutent de ne jamais accéder à la fortune.
Dans ce paysage, la génération Z évolue au sein d’une France classée 11e sur 13 en matière d’optimisme financier, loin derrière des pays comme la Suisse ou la Grande-Bretagne. Mais elle affiche déjà des codes nouveaux, oscillant entre méfiance à l’égard des anciens modèles et volonté de construire une existence moins dépendante des contraintes matérielles.
Épargne, consommation, side hustle : quelles sont vraiment leurs habitudes ?
Les pratiques financières actuelles balaient bien des stéréotypes. Aujourd’hui, 46 % des Français placent l’immobilier en tête des moyens de bâtir un patrimoine. La pierre rassure, même chez les plus jeunes, mais la génération Z préfère bien souvent la location à la propriété. Ce choix s’explique par une mobilité accrue, mais aussi par une certaine méfiance vis-à-vis de l’endettement à long terme.
Du côté de l’épargne, les lignes bougent. Huit Français sur dix épargnent ou investissent sous une forme ou une autre. Mais l’écart se creuse entre les générations : 40 % des Z et 33 % des millennials souhaitent augmenter leur épargne ou investir, contre tout juste 5 % des baby-boomers. Les livrets réglementés restent populaires, mais les services bancaires mobiles montent en puissance : 41 % des Français y ont recours. Les applications de budgétisation, elles, séduisent de plus en plus de foyers, rendant la gestion quotidienne des finances plus accessible et moins laborieuse.
En matière de consommation, la génération Z privilégie l’usage sur la propriété. La seconde main, l’économie circulaire ou encore le paiement fractionné via des plateformes comme Klarna font désormais partie du paysage. Du côté des placements, la Bourse attire, mais reste minoritaire (19 %). L’assurance-vie, quant à elle, conserve une part stable (12 %).
Le side hustle, ces activités annexes qui génèrent un complément de revenus via le numérique ou le freelancing, n’est pas aussi répandu chez les Z qu’on pourrait l’imaginer. Leur rapport au travail s’oriente vers une recherche d’équilibre : moins d’heures, plus d’arbitrages entre vie personnelle et rémunération. Ce qui compte, ce n’est pas la maximisation du profit, mais la capacité à choisir son rythme, à préserver du temps pour soi sans pour autant renoncer à l’autonomie financière.
Peut-on parler d’une nouvelle excellence financière chez les jeunes ?
L’autonomie financière prend une place centrale dans la réflexion des nouvelles générations. La génération Z, en particulier, développe une vision renouvelée de la réussite : l’objectif n’est plus tant de cumuler les revenus que d’atteindre un niveau où les revenus passifs assurent le quotidien, suivant l’esprit du mouvement FIRE (Financial Independence, Retire Early). Les jeunes misent ainsi sur une épargne régulière, un investissement progressif et une gestion exigeante de leur patrimoine.
Les sources de revenus passifs se multiplient, traduisant cette volonté d’indépendance et de flexibilité :
- Immobilier locatif
- Investissements en Bourse
- Crowdlending et cryptomonnaies
- Création de contenu, micro-entrepreneuriat, partenaires commerciaux
La diversité des stratégies financières illustre une génération en quête de contrôle sur ses choix de vie, refusant de se laisser enfermer dans les contraintes du salariat ou la pression de la réussite matérielle classique. Les réseaux sociaux, omniprésents, nourrissent tout à la fois l’ambition, la comparaison et l’inquiétude. Mais la génération Z semble vouloir écrire ses propres règles, façonnant une trajectoire où équilibre et liberté priment.
Les statistiques en témoignent : 71 % des jeunes associent la richesse à la tranquillité d’esprit, loin devant l’accumulation de biens. Désormais, l’excellence ne se mesure plus à la quantité de possessions mais à la maîtrise et à l’aisance dans la gestion de ses ressources. Même dans une France peu confiante sur son avenir financier, une nouvelle génération avance, déterminée à prendre la main sur son destin, sans nostalgie pour les vieux schémas.
La ligne d’arrivée n’a jamais été aussi mouvante. Reste à savoir jusqu’où ces jeunes traceront leur propre voie, et si ce modèle, fait de contrôle et de liberté, tiendra face aux secousses promises par le futur.